Le Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP)
Publié le 9 février 2018 | Dernière mise à jour le 21 mars 2019
L’employeur est tenu, en vertu de l’obligation générale de sécurité qui lui incombe, d’évaluer les risques éventuels et de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des salariés de son entreprise.
A cette fin, en application des articles L. 4121-1 à 3 et R. 4121-1 et 2 du Code du travail, il doit élaborer et tenir à jour un document unique d’évaluation des risques qui recense l’ensemble des risques pour la santé et la sécurité du personnel dans l’entreprise.
Ces mesures comprennent :
• des actions de prévention des risques professionnels ;
• des actions d’information et de formation ;
• ainsi que la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés.
L’employeur veille à l’adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l’amélioration des situations existantes.
L’employeur a donc l’obligation de transcrire et mettre à jour dans un document unique les résultats de l’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs. Cette évaluation comporte un inventaire des risques identifiés dans chaque unité de travail de l’entreprise ou de l’établissement, y compris ceux liés aux ambiances thermiques.
Articles L 4121-1 et R 4121-1 du Code du travail.
Toutes ces obligations sont précisées dans la circulaire n°6 DRT du 18 avril 2002.
Circulaire n°6 de la Direction des relations du travail du 18 avril 2002 pris pour application du décret n°2001-1016 portant création d’un document relatif à l’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs [...], non publiée au JO.
Les entreprises concernées par le document unique d’évaluation des risques (DUER)
Toute entreprise qui emploie un ou plusieurs salariés
C’est à l’employeur lui-même qu’incombe la réalisation de ce document ; il peut confier cette mission à un salarié et/ou choisir de s’adjoindre des collaborateurs ou un organisme extérieur. A cette fin, il peut également consulter le comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail, les délégués du personnel, les salariés, le médecin du travail et l’inspection du travail. Quoiqu’il en soit, sa responsabilité demeurera entière.
Remarque : le Comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) est une instance de l’entreprise, composée de représentants du personnel, qui a pour rôle de contribuer à la protection de la santé et à la sécurité des salariés de l’entreprise. Sa constitution est obligatoire dans les entreprises de 50 salariés et plus.
Le défaut de transcription ou de mise à jour des résultats de l’évaluation des risques est puni d’une amende prévue pour les contraventions de 5ème classe, soit 1 500 euros au plus, montant porté en cas de récidive à 3 000 euros.
Article R. 4741-1 du Code du travail et article 131-13 du Code pénal.
La forme et le contenu du document unique d’évaluation des risques (DUER)
Forme
La réglementation n’impose aucun document " type " mais il doit nécessairement prendre la forme d’un support unique qui peut être aussi bien un document papier que numérique.
Contenu du DUER
Le Code du travail indique que l’opération d’évaluation des risques consiste, pour l’employeur, à établir un : " inventaire des risques identifiés dans chaque unité de travail de l’entreprise ou de l’établissement ".
Attention : le décret n° 2008-1382 du 19 décembre 2008 (JO du 24/12/08) élargit cet inventaire aux risques liés aux ambiances thermiques.
Afin de réaliser cet inventaire, il faut, en premier lieu, identifier les dangers, c’est à dire repérer les sources potentielles de dommage pour la santé des travailleurs. Dans un deuxième temps, il faudra se livrer à une analyse des risques, en observant quelles sont les conditions d’exposition des salariés à ces dangers.
Unité de travail
La notion d’unité de travail varie d’une situation à une autre : en toute hypothèse, elle doit permettre de tenir compte de la très grande diversité des modes d’organisation du travail.
Il peut ainsi s’agir d’un poste de travail, d’un type de poste occupé par plusieurs salariés ou encore d’une situation géographique de travail (à titre d’exemple : chantier).
Annexes
Des comptes rendus de réunions du CHSCT, des questionnaires adressés aux salariés, des rapports du médecin du travail, les certificats de contrôle d’organismes vérificateurs ou encore le bilan social en matière d’hygiène et de sécurité peuvent être annexés au document unique d’évaluation des risques.
Attention ! Le décret n°2014-1158 du 9 octobre 2014 impose aux employeurs d’indiquer en annexes les données collectives utiles à l’élaboration des fiches de prévention des expositions ainsi que la proportion des salariés exposés aux facteurs de risques professionnels nécessitant la rédaction de fiches de pénibilité.
Finalités
Le document unique doit servir à l’élaboration du bilan de la situation générale de l’hygiène, de la sécurité et des conditions de travail et du programme annuel de prévention des risques prévus à l’article L. 4612-16 du Code du travail.
La rédaction du document unique d’évaluation des risques (DUER)
La rédaction du document unique doit être effectuée en tenant compte des évolutions inhérentes à la vie de l’entreprise : embauche de nouveaux salariés, achats de nouveaux équipements ou produits.
Les entreprises peuvent obtenir des aides techniques ou financières de la part d’organismes publics, para-publics ou privés aux fins de préparer et d’identifier les risques puis d’envisager et de mettre en œuvre des actions de prévention.
Pour plus d’information, consulter :
– le site www.travail-emploi.gouv.fr ;
– l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail et notamment son site www.anact.fr.
Préparation de l’évaluation
La circulaire du 18 avril 2002 rappelle que l’employeur doit, avant d’engager une démarche préventive, prendre connaissance des principes généraux de prévention. Dans cet objectif, il est souhaitable qu’il associe à sa démarche les acteurs internes à l’entreprise : CHSCT et les délégués du personnel, médecin du travail mais également salariés eux-mêmes (ils peuvent apporter leur témoignage sur d’éventuels risques inhérents à leur situation de travail).
Identification et classification des risques
L’identification des risques va consister à examiner chaque catégorie de poste de travail pour ensuite dresser un bilan des dangers existants sur ce poste.
L’examen de ce bilan va permettre de planifier des actions de prévention des risques sur ces postes.
Des dispositions particulières de prévention des explosions sont prévues par le Code du travail.
Consulter les articles R. 4227-46 et suivants dudit Code sur le site www.legifrance.gouv.fr.
Proposition d’actions préventives
Après avoir recueilli l’avis des représentants du personnel, l’employeur formalise ces actions de prévention.
Mise en œuvre des actions de prévention
Elle peut prendre des formes diverses :
• engagement de formations destinées aux salariés ;
• élaboration de nouvelles consignes de travail ;
• modernisation des équipements de travail ou aménagement des locaux.
Actualisation du document unique d’évaluation des risques (DUER)
Le document unique doit faire l’objet d’une mise à jour au minimum annuelle.
Article R. 4121-2 du Code du Travail.
Néanmoins, la loi du 22 mars 2012 assouplit cette obligation à l’égard des Très Petites Entreprises (TPE). En effet, la loi autorise les entreprises de moins de onze salariés à faire une mise à jour moins fréquente "sous réserve que soit garanti un niveau équivalent de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs".
Loi n°2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l’allègement des démarches administratives.
Il doit être ponctuellement mis à jour dans deux cas :
1/ Décision d’aménagement important
Par décision d’aménagement important, il convient d’entendre celle entraînant une modification des conditions d’hygiène et de sécurité ou des conditions de travail et notamment à l’occasion de toutes les transformations importantes des postes de travail. Celui-ci peut résulter, à titre d’exemples, d’un changement de l’outillage, de produit ou encore d’une modification des cadences ...
2/ Apparition de nouveaux risques
Il s’agit de prendre en compte l’apparition de risques, consécutive à des évènements tels que l’évolution des connaissances techniques et scientifiques, la survenance d’accidents du travail ou de maladies professionnelles ou encore de nouvelles règles concernant la santé et la sécurité des travailleurs.
Consultation du document unique d’évaluation des risques (DUER)
Consultation par des personnes appartenant à l’entreprise
Le document doit être tenu à la disposition :
• des travailleurs ;
• du CHSCT ou des instances qui en tiennent lieu ;
• des délégués du personnel ;
Article R. 4121-4 du Code du travail
Un avis indiquant les modalités d’accès des travailleurs au document unique doit être affiché dans l’entreprise aux endroits facilement accessibles par les salariés. Si l’entreprise possède un règlement intérieur, l’avis doit figurer à côté du règlement intérieur.
Article R. 4121-4 dernier alinéa du Code du travail.
Les modalités d’accès des travailleurs au document unique doivent être affichées et aisément accessibles dans les lieux de travail.
Si l’employeur ne tient pas à la disposition du CHSCT ou des délégués du personnel le document unique d’évaluation des risques, il se rend coupable du délit d’entrave puni d’un an d’emprisonnement et d’une amende de 3 750 euros ou de l’une de ces deux peines seulement.
Articles L. 4742-1 ou L. 2316-1 du Code du travail.
En cas de récidive, l’emprisonnement peut être porté à deux ans et l’amende à 7 500 euros.
Article 132-10 du Code pénal.
Consultation par des personnes extérieures à l’entreprise
Le document est également tenu, sur leur demande, à la disposition :
• des agents de l’inspection du travail ;
• du médecin du travail ;
• des agents des services de prévention des organismes de sécurité sociale ;
• des agents des organismes professionnels de santé, de sécurité et des conditions de travail présents dans les branches d’activités présentant des risques particuliers ;
• des inspecteurs de la radioprotection si les salariés sont exposés aux rayonnements ionisants.
Article R 4121-4 du Code du travail.
La non-présentation à l’inspecteur du travail du document unique d’évaluation des risques est punie d’une amende de 3ème classe, soit 450 euros.
Article L 2316-1 du Code du travail et articles 131-12 et suivants du Code pénal.
Pour vous aider
Vous pouvez consulter sur notre site internet, les articles suivants :
– Sensibilisation aux étapes de la démarche d’évaluation et de prévention des risques professionnels ;
– L’évaluation des risques : définition et outils.
En savoir plus :
Références réglementaires :
• Article L 2316-1 du Code du travail
• Article L 4121-4 du Code du travail
• Article L 4612-16 du Code du travail
• Article R 4121-2 du Code du travail
• Articles R 4741-1 et suivants du Code du travail
• Articles R 4227-4 et suivants du Code du travail
• Articles 131-13 et suivants du Code pénal
• Loi n°2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l’allègement des démarches administratives
• Décret n°2001-1016 portant création d’un document relatif à l’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs [...], non publié au JO
• Circulaire n°6 de la Direction des relations du travail du 18 avril 2002